jeudi 4 décembre 2008

Prorogation de la Chambre

Premièrement, bienvenue à tous sur mon humble espace virtuel. 

Je débuterai mes fascinants (*tousse**tousse*) commentaires de l'actualité non pas par l'analyse d'un événement historique remarquable, comme le fut, par exemple, le 4 novembre dernier, l'élection du Démocrate Barack Obama à la présidence des États-Unis, mais plutôt par cet article sur la prorogation de la Chambres des Communes d'Ottawa.

Aujourd'hui, 4 décembre 2008, coup de théâtre à Ottawa : le premier ministre conservateur, Stephen Harper, fait appel aux pouvoirs de la gouverneure générale afin de proroger la Chambre des Communes jusqu'au 26 janvier, veille de la déposition du nouveau budget. 

Voici donc pour les faits, débute le commentaire. À quelques jours d'un vote de confiance qui aurait, selon toute vraisemblance, entraîner la défaite du gouvernement élu il y a seulement deux mois, le premier ministre qui vantait durant son discours à la nation, « l'une des démocraties les plus durables du monde », fait appel à une institution monarchique non élue afin de mettre fin à la crise politique actuelle.

Voici donc un bel exemple de cette si belle démocratie dont le premier ministre se plaisait  à faire l'éloge. En mettant temporairement fin aux travaux de la Chambre, il paralyse non seulement toutes décisions politiques aux pays, mais relègue au second plan l'économie qui nécessite actuellement, vous serez d'accord qu'il a ici un consensus mondial, une très grande attention de la part de nos représentants, et ce, dans le but apparent de conserver sa place au pouvoir.

La formation d'une coalition est un processus légal et démocratique. En effet, lorsqu'un gouvernement est minoritaire et que les partis d'opposition s'allient sous une même bannière, ils deviennent alors, ensemble, l'entité ayant le plus de députés, et donc ayant été élu démocratiquement. Le fait que cette coalition aie pu être durable ou non n'est pas ici la question. Le noeud du problème est que trois partis, aux opinions divergentes, aux programmes différents, aux positions sur l'axe droite-gauche dissemblables aient réussis à s'entendre mutuellement et à effacer la partisanerie afin de vouloir travailler ensemble pour le mieux-être du pays, ce qui démontre, selon moi, une très grande maturité et une compréhension profonde de ce qu'est vraiment la démocratie, soient tout simplement bâillonner de manière autoritaire par ceux qui étaient maintenant devenus la minorité.

Le fait que l'avenir du pays puisse être décidé par une seule personne non élue, alors que la majorité des électeurs Canadiens sont dépouillés de leurs voix est la preuve que les institutions monarchiques sont non seulement désuètes, mais qu'elles sont aussi une entrave à la démocratie (il est à noter ici que je ne blâme pas Michaëlle Jean pour sa décision. Il s'agit effectivement d'un sujet épineux qui aurait été difficile à trancher pour n'importe qui et qui n'aurait jamais dû être résout par une seule personne.). Alors que Stephen Harper se vantait la veille de vouloir tendre la main aux partis d'opposition, il fait éclater son intransigeance au grand jour, son attachement au pouvoir, son attitude autoritaire. 

Bravo! pour avoir accusé la coalition d'être non démocratiquement légitime parce qu'elle renfermait un parti souverainiste alors que de demander une prorogation à une représentante de la monarchie l'est. Bravo! pour avoir étouffé une coalition prête à effacer les différents de trois partis pour prouver l'intransigeance du Parti Conservateur du Canada. Bravo! pour avoir, encore une fois, réussi à présenter le Québec comme bouc émissaire. Bravo! pour le triomphe « de l'une des démocraties le plus durables du monde » !