vendredi 6 février 2009

Sectaires?

Les commentaires du président de la République concernant les souverainistes auront rapidement suscités de vives réactions de ce côté-ci de l'Atlantique.

Le brouhaha médiatique qui s'en est suivi aura été issu d'un seul mot utilisé par Nicolas Sorkozy : « sectaire ». Qui se dit d'une « personne qui profresse des opinions étroites, fait preuve d'intolérance (en politique, religion, philosophie) » (- Le petit Robert, 1993, p. 2308). Il n'en aura pas fallu plus pour que les leaders souverainistes, Gilles Duceppe et Pauline Marois répondent avec véhémence aux commentaires du président Sarkozy et pour que le mot « sectaire » soit allègrement réutilisé par Stephen Harper à la chambre des Communes. 

Le fait est que les commentaires du président français auront blessé un allié de longue date, les souverainistes québécois, afin d'obtenir la sympathie du reste du Canada (on est ici bien loin de De Gaulle et de son « Vive le Québec libre! ») et ce, en donnant de nouvelles munitions contre le mouvement souverainiste.

Mais ce qui aura été le plus inconscient de Nicolas Sarkozy aura été de qualifier de « sectaire » un mouvement qui utilise des moyens démocratiques (élections, référendums) afin d'atteindre son but. 
Sur le scène québécoise, par exemple, le FLQ, avec ses actions violentes, pourrait être qualifié de sectaire. Lorsqu'on le compare avec le souverainisme de la même époque, alors que René Lévesque souhaitait ardemment défendre les droits des anglophones advenant la souveraineté et voulait entretenir un dialogue avec le Canada dans l'optique de cette éventualité, il serait inconsidéré de le qualifier de « sectaire » ainsi que tous ceux qui croient fermement au droit à une nation de s'auto-gouverner, comme il est inscrit dans la charte des Nation Unies : 

Les membres des Nations Unies qui ont ou qui assument la responsabilité d'administrer des territoires dont les populations ne s'administrent pas encore complètement elles-mêmes reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l'obligation de favoriser dans toute la mesure du possible leur prospérité, dans le cadre du système de paix et de sécurité internationales établi par la présente Charte et, à cette fin : 
[...]
2. De développer leur capacité de s'administrer elles-mêmes, de tenir compte des aspirations politiques des populations et de les aider dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et de ses population et à leurs degrés variables de développement. 
- Charte des Nations Unies, chapitre XI, article 73  

Bref, les qualifier de sectaires, même s'il y aura toujours des individus pour avoir des idées plus radicales que d'autres, n'aura seulement servi à prouver à quel point le président Sarkozy ignore magistralement qui sont les souverainistes québécois.